[ poetry ]

small pieces i used to write. pieces from another time.
i used to be many, i used to speak in strange foreign tongues.
i used to be. i used to.


{11/2010}

“fuir
sa peau
et son humanité
mais
pas assez loin encore

fuir
la coque
et les rames coulées,
s’aggriper à ses principes
comme à un radeau chaviré
encore

fuir,
voguer les galères,
ivre(s) de complaisance,

les matriarches,
les re-montées,
les dés-montrances

fuir,
sa propre barque même,
et laisser ses galériens…
…pousser.

fuir,
s’accouder aux embruns,
s’enivrer de la brume,
chant des sirènes,
(sombrer)

et,
virer les abords trop surs,
les morsures à la salinité peinante,

fuir et sombrer,
sous un pavillon sombre,
consolation ultime du marin blessé.

fuir,
les ruines,
des océans, des combats,
déjà perdus
déjà volés

navire et coque,
radeau branlant,
nef des fous
(sombrer)

l’abordage à l’envers,
les manches cache-misères,
les atours détrempés

et dans le sombre,
reste la suffisance de l’oubli,
les abimes lointaines,
les lames de fond-sureté

fuir et sombrer
parce que les corps à corps
ne sont que des pirouettes,
de simples fanfaronnades
de flibustier…”


{10/2005}
“ce soir j’ai envie d’appuyer là ou ca fait mal
juste pour le plaisir
de lire tout ca dans tes yeux
envie d’appuyer jusqu’à ce que mort
m’en suive
et qu’on puisse en rire un peu
envie de glisser
glisser
où je n’ai pas le droit
(envie
de
-ne pas-
me…)
laisser
(de
-ne pas-
te…)
laisser
le choix
des armes
et la manière
de m’en faire
de
(me)
finir
par
(te)
dire
que
l’on
attend
QUE
CA.
et
puis
qu’importe
j’ai envie
de choisir
les menottes
et
la paire
qui
au
Diable
m’emportera.
alors remplaces tes cartouches
dans le barillet vide,
et ne mets pas des balles à blanc
je suis SOLIDE
car n’est pas cowboy qui veut.
mais on peut sûrement arranger ça.


{ 05/2006 }
“je prendrai la fuite, l’emporte et je décocherai un coup de pied aux portes.
je ne frissonnerai plus la nuit, mais la tête posée sur un oreiller gonflable dans un avion autour de la terre.
je ne rugirai plus, je serai docile. je me laisserai emmener là où l’on voudra bien.
je serai douce et aimante, j’arrêterai de vendre des fausses peaux d’ours et ferai des confitures plus digestes.
j’allumerai les nuits d’étoiles, et ferai des économies pendant celles de pleine lune.
je virerai de bord ainsi que mon bureau. je dresserai les tables et tiendrais les portes manteaux.
j’ôterai la peau des agrumes, me plierai en quatre avec des airs de petite fille.
j’ouvrirai mes yeux pour me retrouver dans un jardin anglais avec comme compagnons des petits pois.
je serai fatale comme l’arme et j’esquiverai les coups d’en-Haut et ceux d’en bas.
je jonglerai les matières pour les asseoir en robe.
je ferai du “je” un ami commode.
je porterai des sacs entiers de plumes & de pétales.
je taillerai des haies à défaut de costards.
je ne serai plus moqueuse et m’attellerai aux cordes.
j’arrêterai de consentir et dirai enfin mots.
je ne serai ni sirène ni petit rat mais je saurai t’avoir.
je créerai des univers entiers rien que pour tes beaux yeux.
je serai sourires et regards-bâtons de dynamite.
je poufferai élégamment et je te ferai tomber à plates coutures.
je noierai les nuits d’encre, les nuits noires où l’on cherche nos doubles,
ces nuits où le miroir n’a la forme que d’allers sans retours.
je me ferai silence et te donnerai mes voix.
j’irai hisser des étendards pour que le crépuscule nous appartienne.
je re-ferai l’amour tout noué de cordes blanches et noires. comme les notes d’un piano qui n’attendait qu’un accordeur.
je serai dédiée, je serai un ange comme on en voit rarement.
je te lierai à moi et personne ne pourra t’enlever.
tu verras je serai docile et sage.
je serai une vraie perle d’intérieur. j’applaudirais les murs qui écriront ton nom.
je murmurerai nos rêves tels des mots magiques, et chaque jour je me loverai comme un serpent dans un coin tiède
en attendant ton retour.
je ne serai plus “Elle” mais “l’Autre”, un autre genre, une autre envie.
je ne maudirai plus tu verras. je ne piétinerai plus les nuages, promis.
je lâcherai les molosses, je libérerai les chérubins. je ne mangerai plus les plantes par la racine.
je ferai tout pour que tu sois Roi. pour que je devienne une femme.
je me donnerai entière, le Jour où tu naîtras.
je ne serai jamais Reine, mais au moins je n’aurai plus jamais froid,
plus jamais peur, de lâcher les brides et stopper les réacteurs…
juste Toi et Moi.”